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La vallée des roses

A la rencontre du Haut Atlas et du Sud marocain, dans le lit nourricier du Dadès, fleurit chaque année la vallée du Dadès, abreuvée par la vallée creusée par le M’Gouna, et parsemée de villages fortifiés et d’anciennes kasbas couleur de roche. Dans cette succession de petits encaissements adossés à de hautes montagnes arides aux teintes ocre, une multitude de rosiers sauvages bordent les routes, les chemins, et les petits champs de maïs, d’orge, ou de navets.

Leur parfum poivré unique embaume la vallée, où se pressent au printemps des randonneurs du monde entier, accueillis par les habitants berbères ravis de faire leur faire découvrir leur si belle vallée. Depuis plusieurs siècles, ces massifs de rosiers surprennent par leur résistance à la sécheresse et au froid. A près de 1500 mètres d’altitude, ils affrontent les hivers sans doute grâce à un microclimat unique. La légende raconte que des pèlerins de retour de la Mecque au Xème siècle auraient rapporté quelques rosiers de Damas (Rosa damascena), au parfum magique de l’Orient, pour les planter ici.

Les roses sauvages de cette région sont devenues une source de prospérité pour les habitants. Fraîchement cueillies, elles sont transportées dans des paniers tressés, puis transformées en eau de rose ou en essence de parfum, au parfum rieur et ensoleillé du Sud marocain. Cette vallée fournit aux Marocains l’eau de rose utilisée localement pour les ablutions précédant les repas. Mais la majeure partie de la production est exportée pour la fabrication de parfums.

Chaque printemps, environ 4000 à 7000 tonnes de fleurs sont cueillies. Plusieurs tonnes de fleurs arrivent chaque jour dans les usines de distillation d’El Kelaa M’Gouna et Souk Khemis, construites dans les années 1930-1940. Installée dans une kasbah, l’usine d’El Kelaa M’Gouna se visite en avril et mai. Les pétales sont séparés des tiges, dans des pièces sans toit pour éviter la fermentation, puis versés dans des cuves pour en extraire la merveilleuse eau. Cinq kilos de roses fraîches sont nécessaires pour obtenir un kilo de roses sèches, et une tonne de pétales pour un litre d’eau de rose ! Généralement réalisées par les femmes, des poteries admirablement décorées sont utilisées pour recueillir l’extrait de rose.

A la fin de la récolte, une grande fête agricole a lieu dans le village d’El Kelaa M’Gouna. Situé à 1450 m d’altitude, au cœur du pays des roses, son nom signifie «la forteresse». Il est dominé par la kasba du Glaoui. La fête des roses rassemble les habitants des hautes vallées du Dadès. De nombreux groupes folkloriques de la région y participent. Une foule nombreuse se presse à cette fête des roses, vibrant au son d’orchestres traditionnels. Les jeunes filles de la région dansent au son du bendir, comme soudées l’une à l’autre. Elles revêtent le vêtement traditionnel agrémenté de longues tresses ornées de fils de laine multicolores, pour peut-être être élue «Miss Rose».

Une coopérative de poignards regroupant une trentaine d’ateliers se trouve à la sortie de la ville. Les artisans y sculptent des manches de poignards et des fourreaux dans des os de dromadaire ou du bois de cèdre, perpétuant ainsi une tradition juive. A quelques kilomètres, dans le village de montagne d’Azlague, sont fabriquées les lames en acier.

Aux alentours, entre El Keela M’Gouna et Skoura, au bord de l’oued Dadès, des kasbas se dressent dans la verdure. De nombreuses excursions à pied ou en 4X4 sont possibles au départ d’El Keela M’Gouna, en particulier vers la vallée des roses et le ksar de Bou Thrarar, magnifique itinéraire à flanc de montagne.